Difficile de savoir où jeter les yeux en premier en arrivant au n°17 de l’avenue Pierre-et-Marie Curie, tant la boutique regorge de douceurs : fromages, yaourts fermiers, confitures, charcuteries, oeufs, vin… C’est Marco Detroit, le patron des lieux, qui nous accueille avec un grand sourire.
Ce solide rugbyman, natif d’Aubervilliers, connaît son métier. Après des années à « faire les marchés pour vendre fromages et charcuteries », il a eu une première carrière comme manager au sein d’une PME avant d’opérer
« une reconversion professionnelle à la faveur du confinement ». C’est à ses premières amours qu’il décide de revenir : la fromagerie. Il suit une solide formation à Paris avant de chercher un fonds de commerce. Le père de famille, époux d’une Blanc-Mesniloise, ne pouvait pas faire l’impasse sur sa ville d’adoption.
Et il n’a pas été difficile de convaincre la Ville de l’utilité publique d’un tel commerce : il n’y avait malheureusement plus de fromagerie au Blanc-Mesnil depuis des années. Désormais, l’ancienne boutique de vêtements du n°17 a fait place à une fromagerie accueillante et traditionnelle.
Armé d’un impressionnant « couteau à deux mains », le patron des lieux s’attaque à un délicieux comté (18 mois d’affinage) avant de nous faire l’éloge d’un saint-nectaire fermier dont il a prolongé l’affinage dans sa propre cave, sous la boutique.
Difficile de citer les 40 fromages posés sous nos yeux, derrière la vitrine : morbier (« à déguster avec une confiture de cerise noire »), brie truffé, saint-marcellin, crémeux di buffala, cheddar, burrata, mozzarella, claousou (au lait de brebis), brillat-savarin au lait cru…
C’est justement le grand critique et gastronome Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826), à qui un crémier parisien avait dédié son fromage triple crème (35 % de matière grasse), qui aimait à dire que « les fromageries sont les temples des vrais gourmets ».
Cependant, inutile d’être fin connaisseur pour franchir le pas : il y en a pour tous les goûts !
Yrieix Denis